mercredi 29 décembre 2010

mercredi 22 décembre 2010

les bergers du Lesotho

Dans la forteresse montagneuse du Lesotho, a des altitudes comprises entre 2 000 et 3 000m, sous la pluie et une chape grise ou blanche selon la minute, vit un peuple de bergers tranquilles et meditatifs, poetes.
Les montagnes sont couvertes d’herbages sans fin et sans cloture. Les limites sont approximatives et collectives. Au fond des vallees coulent des torrents qui peuvent donner naissance a des canyons et tombent parfois en gigantesques cascades. La couleur dominante est le vert vif d’une vegetation tres arrosee en ce mois de decembre.
Les chemins, empruntes a longueur de jour par les villageois, les chevaux, les anes et les moutons, sont transformes en marecages de boue. Les pistes, ou circulent les minibus taxi conduits par des inconscients de la mort et d’ou braillent les chanteurs de famo, les camions des boutiquiers chinois et les 4x4 des ONG locales, des fonctionnaires des ministeres de l’agriculture et des forets, de la police ou des familles des chefs de village, sont bien souvent a l’extreme limite du praticable.
Sous de larges chapeaux de paille hauts et pointus, des cagoulles ou de vieux bob dechires, les hommes passent lentement sur leur chevaux. Les femmes sont a pied ; elles reviennent tres chargees de la station de bus ou du magasin le plus proche.
A une autre heure, toujours enveloppes dans leur converture et aggripes a leur inseparable baton, ils sont assis sur un rocher, debouts dans le vent et la pluie ou mi couches dans l’herbe a se moquer en langage code des non-inities ou des tres rares passants etrangers (la plupart, Sud-Africains, passent en trombe dans leurs 4x4 tout equipes). Ils sont maitres dans cet art absolument extraordinaire pour l’oeil du degenere auquel les Indonesiens ont su trouver un nom, le Nongkrong… l’art de ne rien faire du tout. Sans doute reside la, dans cette capacite toute humaine, ou plutot dans cette incapacite a atteindre cet etat fondamentalement contemplatif et social, la seule maniere de distinguer, par la negative, l’homme de l’Occident urbain du reste de l’humanite (en acceptant que l’Occident est desormais partout ou il y a de la ville connectee au monde).
Cette vie post-guerriere est permise en partie grace au travail des femmes (qui lui n’a pas cesse avec la pacification britannique) et a la charite d’organisations d’outre-mers (chaque mois, les familles font la queue devant les batiments officiels du village pour toucher en liquide ce qu’il en reste après l’inevitable ponction operee par les autorites en charge de la redistribution).
Certains sont tres propres (les femmes Basotho immaculent le linge dans les torrents), d’autres sont crasseux et, sous leur couverture qu’ils portent a toute saison et quelle que soit la temperature, les pantalons sont en loques, les bottes quelquefois en lambeaux (d’autres sont flambant neuves graces a l’approvisionnement bon marche des Chinois). La pauvrete est partout extreme.
Sur les memes chemins, quelques dizaines de metres derrieres les anes qui connaissent leur route et n’ont nul besoin de guide, sur les hauteurs ou au fond des vallees, des enfants vachers, bergers ou innocupes. Beaucoup, la plupart peut etre, sont orphelins. La mort est une compagne quotidienne des montagnes du Lesotho, qu’on croit d’abord si tranquilles. Elle emporte dans chaque village son tribut hebdomadaire. Les paysans creusent des tombes dans leur jardin a proximite de leur rondavelle ou de leur nouvelle habitation de parpaings. On voit passer des pick-up transportant un cercueil autour duquel s’entasse une famille entiere. Les services funebres sont un business florissant qui pullulent le long des routes. On ne prononce pas le nom de cette Parque impitoyable qui se travestie et porte toujours un masque – rhume, ongle incarne… Mais tout le monde, sans le dire, connait bien son nom terrifiant : AIDS, Sida (avec l’Afrique du Sud, le Botswana et le Swaziland, le Lesotho bat tous les records en matiere de prevalence du sida – autour de 30% de la population – et arrive en toute derniere place quant a l’esperance de vie a la naissance d’apres le classement mondial du Population Reference Bureau pour l'annee 2010... soit 41 ans).



les plus ages ont echappe au sida. Tshepo a ete au lycee dans une mission franco-canadienne et se souvient encore de qq mots de francais. Apres une ou deux annees d'etudes a l'universite de Maseru, la capitale du Lesotho, il est parti, comme beaucoup de Basotho de sa generation, travailler dans les mines sud-africaines. L'absence 10 ou 11 mois par an des hommes adultes pendant plusieurs decennies a entrainer une rupture dans la transmission des traditions



la meme qq annees plus tot


berger orphelin



le meme qq decades plus tot, mineur en Afrique du sud

mais il a toujours son equipement









de belles betes batifolent




classroom






le nom de ce bel oiseau?































joueurs de famo et danseurs. Le famo a ete cree dans les shebeens ou bars clandestins des Basotho mineurs en Afrique du sud a partir des 1920s. Ilse joue avec un accordeon ou un concertina

marchandage de cassettes en attendant le bus
meme histoire avec des lunettes de soleil